Vendredi soir, une copine-collègue me propose de dîner chez elle, elle a de la visite en ce moment (une ancienne coloc de Münster, plus au nord de l’Allemagne) et pense qu’on s’entendrait bien. Je n’ai rien de prévu, pas grand-chose dans mon frigo (un problème récurrent, j’ai encore du mal à prévoir plus de trois repas à l’avance), et je suis toujours contente de voir du monde.
Le monde, ce soir-là, est pharmacienne et parle bien français. J’apprends à dire cumin (Kümmel, pas dur !), faire revenir (anbraten), on me fait répéter très vite « eichhörnchen » (écureuil), le mot allemand le plus long semble être Donausschieffahrtsgesellschaftskapitän (capitaine de la société de navigation du Danube) et on chante des comptines pour enfants : les poules sur un mur, les trois poules, maman les petits bateaux, à la claire-fontaine, trois petits chats, la maman des poissons… tout y passe. Ma collègue est très calée.
La soirée passe très vite, à minuit et quelques je mets le nez dehors, j’arrive sereine à la gare où je dois changer de tram, et là, je constate aucun U15 (le seul à aller chez moi) n’est annoncé. Après une première minute où je suis persuadée que l’affichage est en panne, je réalise que tout marche et que le service du U15 est fini pour ce soir. Première réaction : grand déballage de gros mots bien français, à voix basse mais avec conviction. Seconde : je râle en allemand auprès de la personne la plus proche (qui n’y peut rien, je sais bien). Troisième : panique. Un taxi à minuit va me coûter un bras, rentrer à pied n’est pas envisageable (plein de kilomètres seule de nuit, non merci). Quatrième : coup de fil à ma copine, très serviable, qui m’a prêté son canapé.
Et donc samedi matin, je me suis réveillée avant les autres dans son appart magnifique, je suis allée m’asseoir au soleil sur son balcon, avec un bouquin, et c’était par-fait !
(A part ça, j’étais convaincue que le tram circulait jusqu’à 2h du matin, et en fait, c’est 00:27 dernier carat)